mardi, février 4, 2025
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Coup d'État au Gabon : la chute des Bongos, de la réélection à l'arrestation

« Ensemble, nous travaillerons main dans la main pour assurer une transition douce et exemplaire », indique le communiqué du Comité pour la transition et la restauration des institutions (CTRI), publié le 30 août à midi. Pourtant, moins de vingt-quatre heures plus tôt, le peuple gabonais attendait dans un silence quasi total, isolé d'internet et des réseaux sociaux, les résultats des trois scrutins qui, selon l'exécutif, se sont déroulés dans le calme. Qui aurait cru que le Gabon, où la famille Bongo entretenait des réseaux pendant plus de cinquante ans, pouvait passer aussi rapidement à un régime militaire ?

Manifestation...

C'est encore avant l'aube à Libreville – et avant la levée du match obligatoire prévue jusqu'à 6 heures du matin – que la Centre électorale du Gabon (CGE) a finalement annoncé les résultats de l'élection présidentielle du 26 août. La chaîne de télévision publique Gabon Première, qui diffuse depuis le jour du scrutin des clips vidéo entrecoupés récemment d'émissions politiques, a diffusé la lecture des résultats vers 3h30 du matin. Le président de la CGE, Michel Stéphane Bonda, a lu les résultats par province et par candidat, avant de présenter les chiffres nationaux provisoires : le grand gagnant, le président sortant, Ali Bongo Ondimba, élu pour la première fois en 2009, a obtenu un troisième mandat. , avec 64.27% de voix.

Derrière lui, avec 30.77% des voix, Albert Ondo Ossa, candidat de consensus de l'opposition. Avant même l'annonce des résultats, la plateforme de coalition d'opposition Alternance 2023, qui l'avait désigné pour faire face au chef de l'Etat quelques jours plus tôt, les a contestés. UN désaccord ce qui a pu conduire au schéma – déjà classique au Gabon – de crise post-électorale, déclenchant, comme en 2016, des manifestations et des affrontements avec la police.

Mais les réactions ont été plus vives, au moment même où les résultats étaient annoncés et malgré l'heure de l'annonce, en pleine nuit. La population privée d'Internet et soumise à obligation depuis les élections, attendait fébrilement et dans une ambiance « délétère », selon l'un des responsables de la communication du camp au pouvoir. Des coups de feu ont été entendus à Libreville, dans plusieurs quartiers, quelques minutes seulement après les résultats.

Sur les réseaux sociaux, et notamment parmi les groupes d'opposition, plusieurs vidéos ont circulé, publiées indirectement, via des VPN, montrant des échanges de coups de feu. "Ils proclament "Ali" vainqueur, je suis abasourdi", a écrit un internaute à 4h18. Mais rapidement, les messages de déception face aux résultats se sont transformés en appels à protester. « Je viens d'appeler Libreville, apparemment du côté des Charbonnages [un quartier de la capitale], ça commence à chauffer », écrivait un autre Gabonais trente minutes plus tard. Plusieurs témoins ont confirmé qu'ils avaient été touchés par des tirs.

…pour le coup

Moins d’une heure après les résultats, tout a changé. Une autre chaîne de télévision publique, Gabon 24, diffuse un communiqué de deux minutes seulement : onze hommes en uniforme militaire, ainsi qu'un autre en civil, annoncent la « fin » du régime actuel. "Toutes les institutions de la République sont dissoutes, notamment le gouvernement, le Sénat, l'Assemblée nationale, la Cour constitutionnelle, le Conseil économique, social et environnemental, le Conseil électoral gabonais", ont-ils déclaré. Nous appelons la population, les communautés des pays frères conditionnels au Gabon, ainsi que les Gabonais de la diaspora, au calme et à la sérénité. »

Plusieurs des « membres des forces de défense et de sécurité » affichés à l'écran ont fini par être identifiés. A commencer par celui qui se présente comme porte-parole, le Colonel Ulrich Manfoumbi, du Régiment d'Appui de l'Armée et du Commandement d'Appui. Puis, un deuxième colonel, Aimé-Vivian Oyini, chef d'état-major de la Garde républicaine. Mais un visage n'apparaît pas : celui du général Brice Clotaire Oligui Nguema, commandant de la Garde républicaine précitée. Pourtant, c’est lui qui est dans les coulisses de cette arnaque.

Ce général de brigade est bien connu des Gabonais. Nous l'avons reconnu en juillet dans une vidéo où nous recevions, des mains d'Ali Bongo Ondimba, les clés des quatre nouveaux blindés légers livrés à son régiment en prévision d'une éventuelle crise post-électorale. Puis, le 17 août, défilé aux côtés du chef de l'Etat à bord d'un autre véhicule aveugle à l'occasion de la cérémonie de la fête nationale. Quelques minutes plus tard, il est toujours derrière le président, entouré de la présidente de la Cour constitutionnelle, Marie-Madeleine Mborantsuo, et du Premier ministre, Alain Claude Bilie By Nze.

Réfléchissait-il déjà à son coup d’État ? Il est désormais « président » du Comité pour la transition et la restauration des institutions, comme l'indique son compte récemment créé sur X (anciennement Twitter) et comme l'a confirmé le CTRI dans un communiqué le 30 août au soir. Il publie les déclarations du comité et les signe « Vive le Gabon, vive la transition ! » « . Dans des images diffusées en continu à la télévision nationale, ET Largement partagé sur les réseaux sociaux, l'ancien aide de camp d'Omar Bongo Ondimba est porté – littéralement – aux cieux par des militaires postés à l'intérieur du palais présidentiel. « Oligui, président », chantent ses partisans.

Ali Bongo retenu

Qu’en est-il du président « déchu », Ali Bongo Ondimba, et de sa famille ? Après l'annonce du coup d'État, les arrestations ont suivi. L'épouse du chef de l'Etat, Sylvia Bongo Valentin, a été conduite dans la matinée au palais présidentiel. Aucune nouvelle d’elle n’a filtré depuis. Son fils, Nourredin Bongo Valentin, a également été arrêté, mais son lieu de détention est encore inconnu. HEINC'est La porte-parole et conseillère spéciale du président, Jessye Ella Ekogha, mais aussi Ian Ghislain Ngoulou, Mohamed Ali Saliou, Abdoul Oceni Ossa et Cyriaque Mvourandjiami (ce dernier fut directeur de cabinet du chef de l'Etat) font également partie du lot. Ils sont accusés de trahison contre les institutions étatiques, de détournements financiers internationaux en bande organisée, de contrefaçon de signature ou encore de trafic de drogue.

D'autres personnalités, notamment à la tête des institutions de la République, ont été, selon nos informations, détenues, comme le président de la CGE, Michel Stéphane Bonda, et Faustin Boukoubi, président de l'Assemblée nationale. Quant à Ali Bongo Ondimba, selon les annonces d'Ulrich Manfoumbi, il est détenu dans sa résidence privée de La Sablière, au nord de Libreville. Comment il a collaboré avec le poste de chef de l'Etat. « Je veux envoyer un message à tous nos amis, partout dans le monde, pour leur dire de faire du bruit. Pour faire du bruit, parce qu'ici, les gens m'ont arrêté, moi et ma famille. Mon fils est quelque part, ma femme est ailleurs et je suis il a la résidence», dit-il en anglais dans une vidéo publiée sur les réseaux sociaux.

En fin d'après-midi, le CTRI a diffusé un nouveau discours à la télévision publique. Désigné « à l'unanimité », Brice Clotaire Oligui Nguema est donc, sans grande surprise, le président de la transition. Premières mesures annoncées : le rétablissement d'Internet, coupé depuis le 26 août, mais rétabli au moins partiellement le 30 août au matin, mais aussi des chaînes internationales dont la transmission avait été suspendue (France 24, Radio France Internationale et TV5 Monde). . Le porte-parole du CTRI a insisté sur la « nécessité de maintenir le calme et la sérénité » dans le pays et son engagement à « préserver l'outil économique ». La cloche d'installation est avancée d'une heure et entre en vigueur de 6h à 18h – contre 19h jusqu'ici – à partir du jeudi 31 août.

Dans cette nuit du 30 août, alors que les Gabonais ont du mal à croire à la réalité ces dernières heures, des scènes de citoyens euphoriques apparaissent à la télévision d'État, dans laquelle le CTRI est apparu en pleine nuit. Gabon 24, entre deux retransmissions du discours du nouveau régime, est actuellement à l'antenne avec des micros sur les trottoirs, interviewant les Gabonais soulagés par ce changement. « On en a marre du PDG [Parti démocratique gabonais] », confie un jeune homme. « Nous aspirons au changement. Le Gabon est libre, nous sommes heureux ! Toute la population gabonaise est heureuse ! » dit un autre. L’heure sera aux questions sur les auteurs de ce coup d’État du 30 août et leurs motivations plus après-midi.

Yann Amoussou
Yann Amoussouhttps://afroapaixonados.com
Né au Bénin, Yann AMOUSSOU a apporté avec lui une grande richesse culturelle à son arrivée au Brésil en 2015. Diplômé en Relations Internationales de l'Université de Brasilia, il a fondé des entreprises telles que RoupasAfricanas.com et TecidosAfricanos.com, en plus de coordonner le volontariat projet « L'Afrique à l'école ». A 27 ans, Yann est passionné de panafricanisme et depuis tout petit il rêve de devenir président du Bénin. Sa quête constante d'approfondir la connaissance des cultures africaines l'a amené à créer la chaîne d'information AfroApaixonados.
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