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Ousmane Sow, Ndary Lo, Soly Cissé, Freddy Tsimba… La Fondation Blachère fête ses vingt ans

Les immortels sont toujours là, fiers, défiant le temps et le soleil. Ô guerrier debout du sculpteur sénégalais Ousmane Sow. Femmes égyptiennesET Le Mur Vertpar son compatriote Ndary Lo. La mère abandonnée du Congolais Freddy Tsimba. On y trouve aussi, dans la lumière poudrée du Luberon, des morceaux d'Afrique disséminés ici et là : une pirogue sénégalaise aux couleurs caractéristiques, un minibus coloré, revu et corrigé par l'artiste béninois Dominique Zinkpé (Le bus). Preuve que nous sommes à l'entrée de la Fondation Blachère, dédiée à l'art contemporain africain depuis 2003.

Exposition inaugurale

Et si l'on n'a pas bien recensé les lieux, c'est parce que la fondation a abandonné – au moment de fêter ses vingt ans d'existence – la zone industrielle des Bourguignons, à Apt (sud de la France) où, rattachée aux installations de l'entreprise Blachère illuminations (CA de 50 millions d'euros en 2021) dont elle est issue, a déjà accueilli une cinquantaine d'expositions en 20 ans.

Ceux-ci seront désormais présentés dans l'ancienne gare de Bonnieux qui abrite désormais ses nouveaux équipements, conçus par l'architecte Zette Cazalas, au cœur du Luberon. Chimèresqui rassemble jusqu'au 18 novembre les œuvres d'une vingtaine d'artistes africains, est en quelques une exposition inaugurale… poursuivant une démarche qui a permis, à ce jour, à plus de 400 créateurs de bénéficier de résidences artistiques.

"The Rusty Word", 2019-2022, installation, matériaux divers. ©Dak

« The Rusty Word », 2019-2022, installation, matériaux divers. © Dak'art

Pour Christine Allain-Launay Blachère, qui a repris la direction de la fondation créée par son père, « il s’agit de la placer un peu plus au centre des axes de circulation et de toucher un public plus large ». Bien qu'elle ne se trouve qu'à quelques kilomètres, Bonnieux bénéficie d'un plus grand aubaine touristique et de transactions internationales.

Nouveau départ

L'ancienne gare a été rachetée à la famille de Pierre Cardin : le designer français, décédé en 2020, possédait plusieurs terrains et bâtiments dans la région, notamment le Château de Lacoste (dit Château du Marquis de Sade) qui accueille un festival dédié à à la musique et au théâtre.

La fille de Jean-Paul Blachère, qui est également commissaire de l'exposition Chimères, a présidé au changement : neuf mois de travaux, trois millions d'euros d'investissement. Début juillet 2023, la fondation est à nouveau prête à recevoir des visiteurs. Et ce, sous l'œil bienveillant de son père, patron fondateur d'une entreprise qui a lancé ses activités de mécénat en 2003 – trois ans après la découverte d'une rétrospective sur l'art contemporain africain à Lille.

Chimères résultat de l'exploration des limites entre réalité et imaginaire et plonge le visiteur dans un monde peuplé de créatures hybrides aux accents métaphoriques

Dans les jardins de l'ancienne gare, quelques-unes des 2 000 œuvres de la collection accueillent le visiteur. Les habitués ont enregistré la plupart d'entre eux, mais ils ont également remarqué un nouveau visiteur : une sauterelle géante en métal, à la fois sympathique et effrayante.

C'est l'œuvre du Mauritanien Oumar Ball, 38 ans, né à Bababé et actuellement résident à la fondation. Le titre de l'exposition vient de lui, qui est aussi celui d'une de ses œuvres créée en 2021. « Le thème de l'exposition a germé à Ouagadougou, quand Oumar Ball a remporté le premier prix du jury à la Biennale internationale de sculpture de Ouagadougou (Biso), pour sa sculpture Chimère »précise le communiqué de la fondation.

Approche « innovante et inclusive »

Cette œuvre en métal rouillé représente un vautour hyène, ou une hyène dévorant un vautour en plein vol, selon les interprétations… « Ce sont deux de mes animaux préférés », explique Oumar Ball. Ils étaient très présents dans les histoires de mon enfance. Ceux-ci sont créatures qui vivent ensemble et ne sont pas amis. »

Plasticien chevronné, Ball parvient à créer des plumes d'une grande légèreté à partir de vieilles tôles corrodées par le temps. « Je viens d'un village pastoral au bord du fleuve Sénégal », dit-il. Il y avait beaucoup d’animaux, comme il y en avait aussi dans les histoires que me racontait ma grand-mère. Mon monde est bercé par cette ambiance. Quand j'étais petite, je fabriquais mes jouets avec des morceaux de métal. Avec le temps, c’est devenu autre chose. Mais quand je crée, cet enfant dicte ce que je fais et je ne veux pas quitter cette enfance. »

Par ailleurs, le choix du thème de l'exposition reflète les orientations de la fondation, qui visent à proposer une approche « innovante et inclusive », et une méfiance à l'égard des choix trop élitistes. Pour le commissaire, « Chimères résultat de l’exploration des limites entre réalité et imagination ; plonge le visiteur dans un monde peuplé de créatures hybrides aux touches métaphoriques. »

Une fois les travaux terminés

Certaines spécifications d’ouvrages fonctionnent particulièrement bien. Ainsi, les tableaux du Sénégalais Aliou Diack (Oh traqueur, 2016) se conjuguent aux tons rouillés des sculptures d'Oumar Ball et font entendre les grognements des animaux nocturnes de la forêt, pour ceux qui savent l'entendre. De l'obscurité et de la matière noire, le Sénégalais Soly Cissé (Sans titre) et Omar Ba (Là la boite de Pandore, 2013) donnent naissance à des créatures hybrides, mi-humaines, mi-animales. Un thème qu'explore également le togolais Sadikou Oukpedjo (Homme Animal2017) avec ses êtres étranges et massifs.

Certaines confrontations révèlent même des surprises, comme celle entre Seyni Awa Camara, « la potière de Casamance », et ses terres cuites très féminines (La fertilité2017) et les créations très sexuelles et très masculines de l'artiste congolais Gastineau Massamba (Gargouille).

Ceux qui préfèrent les œuvres plus abstraites trouveront sans doute les coupures de la Sud-Africaine Lyndi Sales (Chimère, 2023) et Barbara Wildenboer. Ce dernier propose ainsi un tableau coloré et exubérant intitulé Du sommeil de la raison naissent des monstrescomposé en référence à une œuvre de Francisco de Goya (Le Sommeil de la Raison engendre des monstres ), et une œuvre d'Alexandre Cabanel (Le né de Vénus). L’histoire de l’art n’est-elle finalement que des chimères ?

« Du sommeil de la raison naissent des monstres », 2023. Collage papier sur Dibond de l'artiste Barbara Wildenboer. © Jérémie Pitot/Fondation Blachère

« Du sommeil de la raison naissent des monstres », 2023. Collage papier sur Dibond de l'artiste Barbara Wildenboer. © Jérémie Pitot/Fondation Blachère


Chimères, Centre d'art Fondation Blachère, station Bonnieux, jusqu'au 18 novembre 2023.
Entrée 5 €, gratuite pour les mineurs 12 années.

Yann Amoussou
Yann Amoussouhttps://afroapaixonados.com
Né au Bénin, Yann AMOUSSOU a apporté avec lui une grande richesse culturelle à son arrivée au Brésil en 2015. Diplômé en Relations Internationales de l'Université de Brasilia, il a fondé des entreprises telles que RoupasAfricanas.com et TecidosAfricanos.com, en plus de coordonner le volontariat projet « L'Afrique à l'école ». A 27 ans, Yann est passionné de panafricanisme et depuis tout petit il rêve de devenir président du Bénin. Sa quête constante d'approfondir la connaissance des cultures africaines l'a amené à créer la chaîne d'information AfroApaixonados.
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