Chaque année, plusieurs milliers d'Africains francophones traversent l'océan pour étudier au Québec, dans le cadre d'un cursus universitaire ou d'une formation professionnelle. Après la formation, certains restent pour répondre aux besoins du marché du travail local, d'autres retournent dans leur pays d'origine pour bénéficier des compétences acquises. Dans les deux cas, les liens qui peuvent être entretenus entre la province de La Belle et la partie francophone du continent n’en sont que renforcés. La rencontre avec trois de ces Africains qui ont fait le grand saut transatlantique, pour un séjour de plusieurs mois ou quelques années qui a changé leur vie.
Sophie Diallo – La bonne fée des jeunes
![Sénégal, Côte d'Ivoire… Ces Africains qui ont bâti leur expérience se concrétisent au Québec 1 - Actualités d'Afrique Sophie Diallo est la directrice générale du Fonds de formation professionnelle et technique (3FPT) au Sénégal. © Mathieu Dupuis](https://www.jeuneafrique.com/cdn-cgi/image/q=100,f=auto,metadata=none,width=1256,height=844/https://www.jeuneafrique.com/medias/2023/02/15/jad20230215-inter-quebec-afrique-portraits-sophiediallo.png)
C'est au Québec que Sophie Diallo découvre sa propre Amérique. De sa traversée de l'Atlantique, elle ne garde que des souvenirs « extraordinaires », comme cet hiver qui, pour elle, « n'existait que dans les contes de Grimm ». Son histoire connaît une fin heureuse puisque, à 44 ans, Sophie Diallo est directrice générale du Fonds de financement de la formation professionnelle et technique (3FPT), au Sénégal, poste pour lequel elle a été intimement désignée par le président Macky Sall, en mars 2022. .
Pour là Jeune femme, lauréate de la prestigieuse Médaille d'or des mains du gouverneur général du Canada en 2019, « l'impossible n'existe pas ». Et sa visite au Québec n'a fait que le confirmer.
Brillante étudiante à l'université Gaston-Berger, à Saint-Louis, Sophie Diallo a bénéficié, en 2016, du Programme canadien de bourses de la Francophonie, qu'elle a intégré à l'École nationale d'administration publique (Enap). À Québec, elle approfondit les notions d'« intelligence émotionnelle » et de « leadership transformationnel », dans lesquelles elle voit la confirmation « que chacun doit agir comme acteur de son propre changement ».
Master en systèmes d'information et réseaux de l'université François-Rabelais de Tours (France) et master en administration publique, Sophie Diallo est aujourd'hui, à la tête de 3FPT, l'un des principaux acteurs des transformations à mener pour favoriser l'entrée des jeunes sénégalais sur le marché du travail. Parfois en synergie avec le Québec, « dont la qualité de son système de formation est reconnue », comme l'atteste sa propre trajectoire.
Laetitia Gadegbeku-Ouattara – Une expérience en or
![Sénégal, Côte d'Ivoire… Ces Africains qui ont bâti leur expérience se concrétisent au Québec 2 - Actualités d'Afrique L'Ivoirienne Laetitia Gadegbeku-Ouattara, directrice pays du groupe canadien Endeavour Mining. © Mathieu Dupuis](https://www.jeuneafrique.com/cdn-cgi/image/q=100,f=auto,metadata=none,width=1256,height=844/https://www.jeuneafrique.com/medias/2023/02/15/jad20230215-inter-quebec-afrique-portraits-laetitiagadegbekuouattara.jpg)
Laetitia Gadegbeku-Ouattara en est encore aujourd'hui convaincue : en partant étudier au Québec, elle a fait « le meilleur choix possible ». Son parcours professionnel semble le confirmer. A 44 ans, cet Ivoirien est directeur national du groupe canadien Endeavour Mining, qui explore six mines sur le continent africain et est l'un des plus gros producteurs d'or au monde.
Seule femme à occuper un tel poste dans son pays, elle est aussi la première femme à avoir accédé à la vice-présidence de l'Association professionnelle minière de Côte d'Ivoire, ce qui lui vaut la reconnaissance de l'organisation britannique Women In Mining UK, qui l’a inscrite en 2022 dans sa liste des cent femmes les plus influentes de ce secteur « restée très masculine ». Une distinction qu'il attribue à son séjour au Québec, dans l'une des « meilleures universités du monde ».
Après des études secondaires au lycée Sainte-Marie à Cocody, elle part au Canada en 2001. Elle obtient un baccalauréat en marketing de l'Université du Québec à Trois-Rivières, puis un MBA en commerce international de l'Université Laval. Elle a complété sa formation par un certificat en responsabilité sociale des entreprises (RSE) à l'Université McGill.
Laetitia Gadegbeku-Ouattara aurait alors pu décider de rentrer en Côte d'Ivoire, mais elle a été recrutée par ING Canada, où elle est devenue directrice régionale. elle Elle y reste cinq ans, avant de rentrer chez elle en 2010. Mais même à Abidjan, elle continue d'œuvrer pour son pays d'adoption. Elle est devenue conseillère économique et commerciale pour le secteur minier, pétrolier et énergétique à l'ambassade du Canada en Côte d'Ivoire. Dix ans plus tard, elle rejoint Endeavour Mining.
Aujourd’hui, une jeune femme l’avoue sera toujours inspirée par son séjour en Amérique du Nord, où elle va chaque année voir ses amis et continuer de s’imprégner de cette « culture québécoise » qu’elle a adoptée il y a quelques années.
Ossey Bernard Yapo – Il voit la vie en vert
![Sénégal, Côte d'Ivoire… Ces Africains qui ont construit leur expérience portent leurs fruits au Québec 3 - Actualités d'Afrique L'Ivoirien Ossey Bernard Yapo, professeur de chimie de l'environnement à l'Université de Nangui-Abrogoua. © Mathieu Dupuis](https://www.jeuneafrique.com/cdn-cgi/image/q=100,f=auto,metadata=none,width=1256,height=844/https://www.jeuneafrique.com/medias/2023/02/15/jad20230215-inter-quebec-afrique-portraits-osseybernardyapo.jpg)
Ossey Bernard Yapo est décédé quelques mois seulement au Québec, au début des années 2000, alors que deux d'entre eux s'inscrivaient à l'Institut national de la recherche scientifique (INRS), le seul établissement universitaire au Québec axé exclusivement sur la recherche et la formation aux cycles postuniversitaires.
« Ce passage, bien que bref, a fortement influencé mon travail scientifique », affirme aujourd'hui l'audacieux quinquagénaire, qui entretient par ailleurs « d'excellentes relations avec de nombreux professeurs et chercheurs de l'INRS » de l'autre côté de l'Atlantique. Arrivé sur le campus du Centre Eau-Terre-Environnement (ETE), spécialisé au sein de l'institut dans les questions environnementales, Ossey Bernard Yapo n'est encore qu'un jeune scientifique qui vient de terminer sa thèse à l'université d'Abobo-Adjamé.
Forte dans la matière, elle est déjà chargée de diplômes, de mathématiques, de physique et de chimie. Cela s'inscrit dans le cadre de la première promotion de l'Unité de Formation et de Recherche (UFR) des Sciences et Gestion de l'Environnement de l'Université de Nangui-Abrogoua (UNA), avec l'option « chimie des milieux aquatiques ». « Constituée au lendemain du sommet de Rio [en 1992], cette UFR avait dès l'origine pour mission de se concentrer sur les questions environnementales. Lorsque nous avons recherché des experts dans le domaine, nous avons rapidement identifié l'INRS », explique Ossey Bernard Yapo, aujourd'hui professeur titulaire de chimie environnementale et analytique à l'UFR.
Depuis son séjour au Québec, celui qui est également directeur adjoint du laboratoire central environnemental du Centre anti-pollution de Côte d'Ivoire (Ciapol) et consultant pour la Banque mondiale entretient l'image d'une « ville verte ». Et je comprends que plusieurs de vos collègues africains choisissent d'y rester. Pas comme lui. « J’ai dû transmettre aux générations suivantes ce que j’ai appris Pour INRS. »